Psychothérapie et Relation d'aide psychologique

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Peut-on vraiment changer son ou sa partenaire ?

Je reçois les personnes, qui connaissent des difficultés à établir une relation affective stable et durable, qui souffrent de mésentente conjugale, de mauvaise communication dans le couple, qui vivent une séparation, un divorce. J'accompagne également les personnes, qui vivent des situations extrêmes et douloureuses, telles que l'emprise, le harcèlement moral, la manipulation, l'humiliation et l'agressivité du partenaire.

Emma Beziaud Le Pochat Le 10 novembre 2019 LE FIGARO MADAME

La bonne question.

  • Peut-on changer l'autre ?
  • Comment faire ?
  • Que peut-on attendre de ce genre de demande ?
  • Une neuroscientifique, une thérapeute et une sexologue se penchent sur le sujet.

«Chasser le naturel et il revient au galop.» Oui, votre amie Manon est bien la meilleure quand il s'agit de s'approprier des expressions toutes faites. D'ailleurs, vous attendez toujours les dix prétendants que vous auriez dû retrouver lors de votre dernière rupture. Mais force est de constater que ladite Manon souligne une question importante : au sein du couple, peut-on vraiment changer l'autre ? Et est-ce bien sain, même, de le demander ?
Toutes ces questions se posent. On est en droit de se dire qu'après tout, personne n'a à changer pour plaire, et qu'aimer l'autre c'est l'aimer comme il est. Mais ce serait ignorer que l'on évolue tous avec le temps, et ce surtout au sein du couple. Manon aurait même pu vous le dire, «seuls les idiots ne changent pas». En soi, Manon n'a pas tort : nous pouvons changer l'autre. Florentine d'Aulnois Wang, thérapeute, insiste d'ailleurs sur le fait que «tout le monde peut changer, même les caractères les plus durs et inflexibles peuvent entendre raison. Cela vient naturellement de s'appeler l'un et l'autre à évoluer». Un avis partagé par la psychanalyste et sexothérapeute Catherine Blanc, qui ajoute qu'«il est normal de faire prendre conscience à l'autre de ce que l'on ressent, surtout si on souffre». S'il paraît naturel pour les professionnelles de demander à l'autre de changer, cela ne doit pas se faire à la légère.

Changer est un travail difficile, long et parfois pénible, et en prendre conscience constitue une étape importante du processus. En clair, il ne faut pas en demander trop, tout de suite. Aurore Malet-Karas, docteure en neurosciences, l’affirme : «Le but du cerveau est de créer une habitude, un automatisme pour nous faciliter la vie». En demandant à l'autre de changer, on lui demande de déprogrammer ce que sa conscience a mis en place durant plusieurs années voire tout un pan de sa vie. «Il ne faut pas sous-estimer l'énergie que cela demande, ni même le temps que cela nécessite», explique-t-elle.

Pour Catherine Blanc, derrière le fait de demander à l'autre de changer se cache souvent un caprice. «Lorsqu'on s'exprime dans l'urgence, on raisonne comme un enfant qui a besoin qu'on soit à son écoute», explique en image l'auteure de La Sexualité décomplexée (1). Elle insiste, d'ailleurs, sur l'importance de «faire prendre conscience à l’autre que l'on est en souffrance, sans le soumettre à une volonté tyrannique». Des mots quelque peu effrayants qui illustrent très justement le fait que dans toute demande réside une inquiétude. «Lorsque vous dîtes à votre conjoint(e) qu'il ou elle travaille trop, le souci ne vient pas de son emploi du temps surchargé, mais plutôt du fait que vous n'arrivez pas à faire avec.» Cibler ce que l'on attend de lui, ou d'elle, mûrir l'idée puis présenter une demande concrète, reste le meilleur état d'esprit à adopter.

Au grand dam de Manon qui se plaît à vous dire que «ceux qui se ressemblent, s'assemblent», force est de constater que nous sommes tous différents. De nos expériences de vie uniques naissent des craintes, des peurs et des complexes qui s'avèrent délicats à gérer dans le cadre d'une relation de couple. À chacun ses défauts et ses faiblesses. Ouvrir la discussion en introduisant vos torts donnera du sens à votre message. Selon Florentine d'Aulnois Wang : «Il faut accepter de s'ouvrir à l'autre pour montrer le chemin, toujours dans cet objectif d'aller puiser le meilleur dans son partenaire». Si ça n'est pas l'exercice le plus simple c'est certainement la meilleure façon d'arriver à changer l'autre sans l'apeurer ou le brusquer. «Il faut aller au delà de l'orgueil et accompagner ce changement par le biais d'une écoute attentive et empathique».

Garder son calme durant un conflit est aussi facile que de faire du paddle en pleine tempête. Si on a vite fait de vouloir régler ses comptes et de devenir moralisateur(trice), il est bon de se rappeler que l'ultimatum et le reproche sont les deux grands ennemis du débat constructif. «L’intelligence amoureuse c'est avant tout passer du reproche à la demande, abolir la critique et le blâme. Ne vous trompez pas d’ennemi, même si ça vous paraît difficile», indique Florentine d'Aulnois Wang, l'intérêt de l'exercice n'est pas d'avoir raison, mais de prendre soin de l'autre. Tomber dans le cycle de la haine constitue ce qu'il y a de plus nocif pour le changement de l'autre. Toujours dans cette quête d'honnêteté, il ne faut pas non plus essayer de camoufler son propos sous une pseudo-douceur voire de se rabaisser face à l'autre.

Si la personne en face de vous n'entend pas, il est toujours temps d'envisager une thérapie à deux, ce qui est, à bien des égards, le meilleur moyen de lui faire prendre conscience de votre mal-être. «Parfois c’est notre travail de mettre des mots sur les demandes des gens», rappelle la docteure en neurosciences et sexologue Aurore Malet-Karas.

Ne vous méprenez pas, on ne peut pas résoudre les problèmes conjugaux à travers une thérapie dédiée à une seule personne. Le couple est une entité à part entière qu'il faut traiter en tant que telle. «Il nous arrive de travailler en détail sur une personne dans le couple, sans laisser l'autre de côté pour autant», ajoute la professionnelle. Inclure un arbitre dans le cadre de certaines relations reste le meilleur moyen de venir à bout d'un déséquilibre.

(1) La sexualité décomplexée, de Catherine Blanc, Éd. Flammarion, 256 p., 12,99 €.